Présentation du livre :
Rares avaient été les fois ou la vie privée du commissaire Jarot avait tutoyé d'aussi près sa vie professionnelle. L'abbaye Saint-Wandrille en Haute-Normandie, lieu de repos et de ressourcement depuis de nombreuses années pour le couple Jarot, allait devenir le théâtre bien malgré lui d'une enquête ou un jeune professeur en philosophie ferait preuve de courage et d'amour. Paul Jarot s'appuiera sur l'amitié et la discrétion inflexible du Père Abbé Sébastien.
Publié sur Amazon en livre numérique (2,99 euros) et en livre broché (6,99 euros).
Premier chapitre :
Ce lundi matin de début août, Paul Jarot marchait paisiblement vers son bureau. Encore une douzaine de jours et, en compagnie de son épouse, ils allaient retrouver l'Abbaye Saint-Wandrille située sur la commune de Saint-Wrandille-Rançon en Haute-Normandie. C'est une abbaye de moines bénédictins. Ces derniers ont fait des oeuvres d'art et des peintures leurs spécialités. Par ailleurs, comprenant l'importance du microfilm, c'est depuis 1971 qu'ils se sont également spécialisés dans la microcopie.
Paul venait à peine de pénétrer à la brigade que Béatrice, l'inspectrice faisant partie de sa garde rapprochée, lui dit :
" Patron ! Un homme d'un certain âge vous attend. Je lui ai proposé un café qu'il a bu d'un trait comme pour contenir une forte émotion. Il ne cesse de regarder sa montre comme si sa vie en dépendait.
- Merci Béatrice. Laissez-moi trois minutes avant de le faire pénétrer dans mon bureau.
- OK, Patron "
Paul jeta un regard sur l'homme. Béatrice avait raison : il devait avoir 60 - 65 ans environ, cheveux grisonnants ; il n'avait pas de lunettes, mais Paul remarqua qu'il portait des appareils auditifs. Une agitation certaine se lisait sur son visage. Il tenait entre ses mains une casquette qu'il tripotait nerveusement. Durant le peu de temps que Paul l'observa, l'homme s'épongea à plusieurs reprises le front avec un mouchoir en tissu épais. Il était plutôt rond, de taille moyenne, il regardait la porte comme s'il s'attendait à voir le diable en personne en franchir le seuil. Quelle situation pouvait mettre un homme dans cet état ? se demandait Paul en refermant la porte de son bureau.
Trois minutes plus tard l'homme entra. Avant de prendre place, il déposa une photo sur le bureau de Paul et lui dit :
" Commissaire, je me nomme Bertrand Couraut. Je suis veuf, j'ai 67 ans et je suis retraité de la SNCF. Je demeure à la limite de Versailles et de Viroflay, dans une maison suffisamment grande pour que mon fils Thibaut, c'est lui sur la photo, puisse disposer d'un bel appartement indépendant au premier étage. Il est âgé de 31 ans et fréquente depuis trois ans l'Abbaye Saint-Wandrille en Haute-Normandie, où il se plait à faire des retraites régulières. Il est professeur de philosophie à mi-temps. Quand Thibaut reprend la route pour rentrer, la première chose qu'il fait c'est de m'appeler. Il me parle de sa retraite et il est plein d'énergie pour reprendre son activité. Sa dernière retraite s'est finie samedi soir. Comme à son habitude, Thibaut aime à rentrer le samedi, pour avoir le dimanche à son domicile, cela lui laisse le temps nécessaire pour organiser son travail. Et il aime aussi prendre du temps avec moi avant chaque rentrée, une façon pour lui de rester serein. Nous sommes lundi matin et je n'ai pas de nouvelles de lui. Je me suis adressé au Père Sébastien, le Supérieur de cette abbaye, qui m'a confirmé le départ de mon fils comme il était convenu. Thibaut est arrivé fatigué à l'abbaye, mais d'une fatigue toute naturelle. Cependant le Père Sébastien a noté chez mon fils une inquiétude certaine, mais celui-ci n'a pas souhaité en parler avec lui-même si c'est un ami proche. Ses questions spirituelles ont été les seules qui ont nourri leurs échanges. Le Père Sébastien m'a suggéré de vous contacter. Alors commissaire, que dois-je faire ?
- Merci Monsieur Couraut d'être venu aussi vite. Je vais faire sans tarder le nécessaire. Pour ce qui vous concerne, je vous demande de rester chez vous en me laissant un numéro de téléphone pour vous joindre rapidement. Surtout ne bougez pas de chez vous sans me prévenir. Quel est la marque de son véhicule et sa couleur s'il vous plait ?
- Une Renault Captur rouge avec un toit blanc. "
Quand Bertrand Couraut eut quitté son bureau, Paul appela sa garde rapprochée Bernard, Béatrice et Êric et leur dit, en leur donnant la photo après leur avoir expliqué le contenu de son entretien avec Monsieur Couraut père :
- Faites des copies de cette photo et rapportez la moi rapidement. Retrouvez-moi vite ce jeune homme, discrétion absolue. Au travail ! Je compte sur vous.
- OK, Patron. "
Paul sourit intérieurement car c'est ensemble qu'ils lui firent cette réponse.
Le Père Sébastien aussi était pour Paul un ami de longue date. Grand, élancé, il avait des sourcils broussailleux d'un noir intense qui juraient avec une chevelure clairsemée tirant sur le gris. Des yeux bleus enfoncés dans leurs orbites vous dévisageaient derrière des lunettes à verres épais. Comme souvent pour ces hommes tournés vers Dieu, il était difficile de lui donner un âge. Mais le peu de temps passé en sa compagnie vous procurait le sentiment d'être grand. Paul, après réflexion, décrocha son téléphone et quelques minutes plus tard il entendait cette voix rocailleuse qui lui était chère :
" Bonjour Paul. Merci de m'avoir appelé. Toute la communauté et moi-même sommes ravis de te retrouver avec Claire ton épouse dans douze jours. Mais je crois que ton coup de téléphone fait suite à ma recommandation à Monsieur Couraut... Je me trompe ?
- Non Sébastien, tu ne te trompes pas. J'ai besoin de cerner un peu plus Thibaut Couraut. Il n'est pas question ici d'être indiscret, mais j'ai besoin de me faire une idée pour commencer cette enquête.
- Paul, je te connais depuis suffisamment longtemps pour ne pas douter un seul instant de ta discrétion. Que te dire pour compléter ce que tu sais déjà probablement à cette heure ? Monsieur Thibaut Couraut est un homme particulièrement instruit. Sa passion de transmettre et d'être un repère pour les jeunes est pour lui le guide de sa vie. Son père a dû te dire que je l'ai trouvé préoccupé... Inquiet serait plus juste d'ailleurs, mais Thibaut n'a rien voulu me dire. Je peux t'assurer que, compte tenu des circonstances, je n'aurais pas hésité une seule minute à te tenir au courant.
- Merci Sébastien. Monsieur Thibaut Couraut a-t-il quelqu'un dans sa vie ?
- Il y a trois ans, il a perdu la femme qu'il aimait d'un accident de la route. Elle était psychologue et rentrait de son travail. Un camion lui a foncé dessus, le chauffeur était ivre. Ils devaient se marier.
- Moche !
- Oui, très moche. Ses principaux amis se comptent surtout dans le milieu de la philosophie. Cependant il aime la pêche en rivière, plus particulièrement la pêche à la mouche ; il partage cette passion avec deux autres jeunes hommes de son âge. Une ou deux fois il est venu en leur compagnie, Olivier Ravelin et Patrick Galet, comme lui profs de philo. Je peux te remettre leur adresse puisqu'ils ont séjourné ici à l'hôtellerie.
- Merci Sébastien, le plus vite sera le mieux.
- Ne quitte pas. "
Paul attendit moins de cinq minutes avant que le Père Sébastien lui transmette leur adresses. Puis il lui dit :
" Je souhaite vivement que tu trouves les réponses à cette disparition, et que tu m'annonces de bonnes nouvelles !
- Moi aussi Sébastien, à bientôt et prie pour nous.
- Oui Paul, mais toi aussi prie pour nous. "
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